Conséquence de la mise en place du Fair Play Financier, une
tendance s’est dégagée du mercato 2014 : le prêt. Seules les écuries
habituelles ont pu se permettre leurs folies annuelles, Real et Barça en tête.
Même la puissance financière qu’est Manchester United a du recourir au prêt
pour permettre l’arrivée de Falcao.
Toujours actif sur le mercato, Chelsea ne déroge pas à la
règle. Cependant au lieu d’amener des joueurs en prêt, les Blues leur proposent
de faire le chemin inverse. C’est ce qu’a récemment analysé le magazine Four
Four Two. La mise en place de ce système permet déjà aux Pensioners de déjouer
le Fair Play Financier en toute légalité.
Certes Chelsea a dépensé plus d’argent qu’il n’en a récupéré
(106,70 millions dépensés pour 96,61 millions de récoltés soit un delta de 10,09M€).
Les ventes cumulées de David Luiz (49,50M€) et de Lukaku (35,36M€) ont
notamment permis au club Londonien de s’offrir Diego Costa, Cesc Fabrégas et
Loïc Rémy (81M€ à eux trois). Cependant le club d’Abramovitch est dorénavant
enclin à réduire ses pertes et maximiser ses profits. Pourtant l’équipe de
Mourinho reste toujours aussi compétitive. Son effectif semble encore renforcé
comparer à celui de la saison passée. Ce mercato 2014, nous renseigne donc plus
qu’il n’y parait sur la stratégie économique du Chelsea FC.
Comme l’indique l’article de Four Four Two, Chelsea joue sur
deux domaines d’activités stratégiques. Le premier étant celui de Mourinho qui
est de gagner des titres à l’aide d’un effectif le plus compétitif possible.
Plus méconnu, le second consiste à avoir un rôle sur le marché avec l’achat et
la revente de jeunes. La stratégie est simple, le club fait signer des pépites,
les prête immédiatement pour faire grimper leur valeur puis les revend. Ces
deux activités ne se croisent que rarement, comme lors du dernier mercato avec
les cas belges. D’abord Lukaku qui a porté la tunique des Blues et qui aurait
pu rester si Diego Costa n’avait pas été acheté. Puis Thibault Courtois
finalement revenu après plusieurs saisons à Madrid. La stratégie de Chelsea se
distingue donc d’un club comme Porto qui recrute dans l’ambition de gagner des
titres mais aussi de s’assurer des plus-values en vendant des piliers de son
effectif.
Acheter des jeunes joueurs, les prêter et les revendre aux
prix forts, Lukaku en est le meilleur exemple et le tableau des départs du club
va dans le sens de cette démarche. Déjà à l’origine de l’inflation des prix de
vente des joueurs, l’oligarque Russe a inventé le « trading
footballistique ».
Un partenaire se dégage de cette stratégie : le Vitesse
Arnhem, actuel avant dernier du championnat Hollandais. Parmi les 10 arrivées
au club cet été 2 joueurs arrivent en prêt de Chelsea (McEachran et Wallace),
parmi les 11 départs 3 sont des retours de prêt vers Chelsea (van Aanholt,
Lucas Piazon, Christian Atsu). Sur la saison 2013/2014 le constat est encore
plus flagrant : sur 8 arrivées 5 proviennent des Blues. Peu d’entre eux ont eu a chance de connaître
Stamford Bridge, pourtant ils sont des joueurs déterminants dans la stratégie
du club.
Ainsi, depuis la saison 2010/2011, 12 joueurs ont été prêtés
au Vitesse Arnhem. Seul Delac a vu sa valeur baissée au terme du prêt. On peut
également constater que les joueurs âgés de plus de 24 ans ont tous été vendus.
Une erreur notable reste : Nemajan Matic. Au terme de son prêt en Hollande
le serbe sera vendu à Benfica pour 5 millions d’euros (Chelsea fait alors une
plus value de 3,25M€) avant de le racheter pour 25 millions d’euros en janvier
2014.
Cette saison le club
londonien prête 20 joueurs (Torres est volontairement exclus de la liste). Le
tableau qui suit permet de connaître les 20 élus, leur âge et leur valeur
actuelle.
On constate donc que Chelsea
est actuellement en train de faire fructifier 82 millions d’euros. Certes des
joueurs de cette (Victor Moses, Piazon,
Van Ginkel et Marko Marin) ont coûté une certaine somme au club l’empêchant de
toujours réaliser des plus value. Néanmoins l’analyse précédemment faite avec
les joueurs prêtés au Vitesse Arnhem montre qu’il est rare qu’un joueur perde
de la valeur. Ces 20 joueurs peuvent être comparés à un portefeuille d’actions.
Lorsque le club estimera que la valeur maximale du joueur sera atteinte, nul
doute qu’il sera vendu. D’autant plus que Chelsea y gagne à deux reprises.
Effectivement les termes du Fair Play Financier indiquent que les
investissements faits dans les jeunes joueurs ne comptent pas dans les dépenses
d’un club. Abramovitch se joue donc depuis longtemps d’un système tout juste
mis en place et dont les limites semblent déjà dépassées.
http://www.fourfourtwo.com/features/how-chelsea-are-gaming-system-better-anyone-and-why-theyll-keep-winning
Données chiffrées : http://www.transfermarkt.com/