samedi 26 juillet 2014

Le projet Continassa : l'espoir italien

La Juventus Stadium a récemment fêté ses deux ans, pour l’occasion la Squadra Azzura y a d’ailleurs mis les pieds pour la première fois et s’est assurée le billet en direction du Brésil. Aussi, la Juventus s’est offert un beau cadeau dans la lignée du projet du stade : le quartier Continassa au nord de la ville turinoise.



Aujourd’hui l’Italie continue de connaître une crise politique profonde. Les menaces de Berlusconi depuis ses condamnations semblent faire vaciller le gouvernement d’Enrico Letta. Cette paralysie est le résultat d’une culture Italienne convaincue que la politique ne peut être juste ou bien saine dans la Péninsule. (Lire : L'homme qui tient l'Italie en otage, Tim Parks) Le calcio et de manière générale le sport italien en sortent évidemment durement affectés. Il suffit de voir les stades aujourd’hui en Italie. La plupart sont vétustes et inadaptés aux normes avec un taux de remplissage faible (en moyenne 53,4% la saison passée). On atteint d’ailleurs le sommet de cette comédie avec le nouveau stade de Cagliari qui menaçait de s’effondrer. Et la situation de l’Italie face à la crise n’a rien fait pour arranger les choses. Tranchant dans les dépenses, instaurant la rigueur, Mario Monti avait lui-même exprimé l’impossibilité au Comité Olympique Italien de se présenter candidat pour accueillir prochainement les Jeux. Dans ce contexte particulièrement étouffant, la Juventus de Turin fait figure d’OVNI. Mais pas seulement. La vieille Dame doit aussi devenir la source d’espoir et d’inspiration pour une nation en panne de confiance.

Pour cela elle y a mis du cœur et de l’argent. Beaucoup d’argent. En effet, 350 millions d’euros seront investis dans le projet Continassa. Cependant, cet article n’inspire pas à revenir en précision sur les dépenses Turinoise. Il se veut témoin des perspectives positives qui peuvent être observées dans le monde du « foot business » loin des écarts que l’on peut constater dans cet environnement (salaires ou montants des transferts). Ainsi l’espoir d’en voir ressortir des projets utiles pour tous n’est pas vain.

Concrètement, cette zone est à l’abandon total depuis des années. Redynamiser ce quartier est l’un des objectifs dévoilés par le club. D’ailleurs c’est là où se trouve le Juventus Stadium. La zone se verra également occupée par le siège du club, le nouveau centre d’entrainement de l’équipe première à partir de la saison 2015/16, un hôtel, un cinéma, un centre commercial, un centre de bien être, des résidences privées, parcs et parking. La Juventus étend donc son domaine d’activité stratégique au-delà de l’événementiel  pour augmenter les services et l’expérience du tifosi. La construction de l’hôtel permettra au club d’accueillir ses supporters dans une enceinte proche du stade mais aussi proche du centre de la ville. Faut-il rappeler que la Juventus est le club le plus populaire en Italie mais pas dans Turin ? Ce qui explique la logique de posséder son propre hôtel à deux pas du stade. Les cyniques n’hésiteront pas à sortir les banals arguments comme quoi tout cela n’est que pur business et que la Juventus fait cela pour accroitre ses profits. La beauté du football, sport populaire, en ressortirait encore salie. Répondons une fois de plus qu’aujourd’hui ce sport populaire est une véritable industrie qui doit se pérenniser et donc accroitre ses profits !

Et puis, par cette période de récession, de rigueur, de surendettement, peut-on vraiment blâmer une société qui veut investir dans un pays en plein doute ? Parce que ces investissements vont pouvoir créer de l’emploi bien qu’à un faible nombre.
Surtout, ce projet est un symbole de détermination et l’aboutissement d’une politique de reconstruction débutée par Jean Claude Blanc suite au scandale Calciopoli. La Juventus a toujours su se montrer forte pour construire le Juventus Stadium. Elle a fait face aux difficultés politiques et à la lenteur de l’administration italienne pour aboutir à l’un des plus beaux projets du football actuel. Cette détermination à combattre cette politique qui freine l’Italie est sans doute le meilleur motif d’espoir dont la population, les entrepreneurs et autres artisans doivent s’inspirer. Les clubs aussi doivent voir en cette politique comme une source d’inspiration. Car le Juventus Stadium est un véritable succès. En conséquence on observe que des clubs tels que la Roma, rachetée par l’américain James Pallotta, commence à envisager le lancement de leurs propres stades. La construction du stade de l’Inter Milan était aussi une clause imposée par Moratti lors de la toute récente vente du club à l’indonésien Thorir.

Le projet Continassa  pourrait être perçu comme « un acte de courage contre le déclin et un geste de confiance envers l’avenir ». C’est ce qu’a déclaré Sergio Marchionne, le même jour de l’officialisation du projet de la Juventus, lors de la présentation de l’investissement de 1 milliard d’euros à Turin pour relancer Maserati, filière luxe de Fiat, le partenaire historique de la Vieille Dame. 

Cet article a d'abord été publié sur So Foot.
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