vendredi 12 décembre 2014

Rebondir avec succès


À 56 ans Philippe Rambaud se lance dans le bénévolat. « Donner permet de recevoir énormément » explique-t-il. Son association, 60 000 rebonds, vient en aide aux entrepreneurs qui ont connu la faillite. Lui-même l’a connue lorsqu’à 49 ans il décide de quitter Danone après 25 ans de bons et loyaux services. Il monte sa boîte afin de travailler comme il le souhaite, dit-il, mais connaîtra l’échec et apprendra à rebondir. Rebondir avec succès, c’est l’intitulé de la dernière conférence organisée par le Réseau Excellence à l’IAE d’Aix en Provence.





C’est sur le ton de la confidence mais aussi, et surtout, du conseil que six entrepreneurs ont participé à cette conférence. Tous n’ont pas connu la faillite. Pascale Fildier et François Mazon ont même connu des carrières exemplaires. Pourtant la première, banquière, doit faire face à la fermeture de la filiale dont elle est dirigeante. Elle décide de fonder sa start-up, rendezvouscheznous.com, un site dans le domaine de l’e-tourisme. Un secteur bien éloigné du milieu bancaire, témoignant d’un virage à 180 degrés.

         La décision de François Mazon est tout aussi spectaculaire. Alors qu’il est directeur général de Cap Gemini France, il ne trouve plus la motivation pour continuer.  À 50 ans il décide de retourner sur les bancs de la faculté de droit d’Aix pour devenir avocat pénaliste. Persévérance et motivation retrouvées lui permettront d’intégrer le cabinet Molla-Bass, et d’aller à la barre sans avoir encore obtenu son diplôme. Savoir rebondir c’est savoir réinventer sa vie, même à 50 ans.

         Plus jeune, Hervé Trouillet appartient à ceux qui refusent d’accepter l’impossible. Réalisateur de série d’animation, autodidacte, sans diplôme ni expérience outre celle qu’il s’est forgée, Hervé a combattu les regards pessimistes des investisseurs. Pourtant malgré l’expérience de ces derniers, il n’a pas échoué.

         Cette notion d’échec est un sujet tabou, elle rappelle la peur. C’est cette peur qu’il faut combattre. « Il faut aller toucher sa peur, se retrouver et ne penser qu’à soi, arrêter de suivre les chiffres » déclare Aude Le Bas. Aujourd’hui, son entreprise, Vitalibio, connaît des difficultés après plusieurs années de croissance. Il faut savoir réagir et vite. Car ce monde est imprévisible, fait de sinusoïdes, de réussites et d’échecs.


         Ces échecs deviennent de plus en plus brutaux et pourraient continuer à s’intensifier. Surtout, on ne nous a pas appris à les combattre.  Avec des appuis de taille, Jacques Attali, Alain Juppé, Philippe Rambaud a donc lancé 60 000 rebonds. Cette association empêche les entrepreneurs de rester dans l’échec. Connaître une faillite est un traumatisme d’une violence extrême. Vie personnelle, professionnelle et financière se retrouvent bouleversées. Face à cette situation Philippe Rambaud explique qu’il ne faut pas se renfermer. Il faut aller chercher l’accompagnement, souvent en faisant appel à un professionnel pour se reconstruire psychologiquement. Ce sont les personnes compétentes qui permettront de travailler sur son échec, et de retrouver sa force.

         Nombre d’entrepreneurs retrouvent d’ailleurs une énergie considérable quand ils sont bien accompagnés. Cela leur permet de lancer des projets encore plus ambitieux. C’est le cas d’Arthur Boivin. Après avoir vu sa première entreprise faire faillite, il retourne à la vie de salarié. Le temps de construire un capital, faire mûrir sa nouvelle idée, et de se lancer de nouveau dans le bain de l’entreprenariat. L’échec n’est plus vu comme une faiblesse mais alors comme une opportunité de progresser et de rebondir.

mercredi 3 décembre 2014

Qu'est ce que le succès ?

Entrepreneur depuis son adolescence, consultant expert en leadership, Terry Tillman n’a plus rien à prouver sur sa connaissance de l’entreprise et du développement des Start-Ups. Retour sur une conférence à laquelle StartAix a eu le plaisir de participer au domaine de La Féraude.

Qu’est ce que le succès ? Est-il possible de l’évaluer ? Comment puis je savoir si j’ai du succès ? Le succès. C’est le maitre mot de Terry Tillman pour introduire sa conférence abordant les clés de la réussite des Start-Ups. Cher à tous les entrepreneurs, le succès est une valeur solidement ancrée dans notre société. Il se déterminerait justement à ce que l’on possède. Est-ce une juste vision ? Plus aux yeux de Terry. Le succès ne doit plus se mesurer au nombre d’euros qu’affiche notre bulletin de salaire, ni au part de marché que notre entreprise est en train de conquérir ou bien le profit que nous réalisons. Ces objectifs sur lesquels nous nous concentrons sans cesse nous donnent une mauvaise approche du monde des affaires. Un monde où la notion de personne est renvoyée au second plan. Un monde où l’homme n’est plus au cœur de la relation, il est ignoré, renvoyé dans les cordes alors qu’il est l’essence même de tout projet.


Pourtant cette philosophie a une conséquence directe sur les résultats d’une entreprise, il a été prouvé que des employés heureux sont des employés productifs. Les sociétés à succès, Google et Apple en tête, sont des sociétés où les employés sont heureux de travailler. Ce sont des sociétés capables d’innover au quotidien. Et cela grâce à leur politique. Parce que l’innovation ne se fait pas seule, ces compagnies encouragent leurs salariés à développer des projets, et donc à échouer. Elles ont su mettre en place un apprentissage par l’expérience. Et toutes les expériences ne s’avèrent pas toujours être une réussite. Si la norme a appris à vouloir éviter à tout prix l’échec, les plus grands esprits ont su le considérer comme un élément de la vie quotidienne. Un événement à l’occurrence forte certes mais plus un événement menaçant. L’échec nous apprend plus que le succès. Maitriser l’échec c’est ne plus répéter ses erreurs, mais aussi apprendre à se découvrir et à se dépasser et donc prendre des risques.

Se dépasser. Quitter sa zone de confort. Pour se connaître, pour grandir il faut savoir surmonter ses limites. Nous créons nos propres limites, qu’elles soient physiques ou morales. Nous inventons des excuses, retardons des échéances. Combien d’entrepreneurs hésitent à donner ce coup de téléphone vers un client jugé inaccessible ? Combien ont remis au lendemain une tâche difficile ? Pourtant rien ne nous empêche d’essayer à part notre raison et les limites que nous lui imposons. Être entrepreneur c’est aussi oublier d’être raisonnable, savoir sortir de cette zone de confort, sauter ces barrières qui nous empêchent d’avoir ce que l’on veut vraiment, de savoir qui l’on est. Il faut prendre le risque, peu importe ce dont il s’agit, prendre le risque c’est déjà faire un pas en avant. C’est ce que font les leaders avec du succès.


Ils savent ce qu’ils veulent, ils savent comment l’obtenir. Nous désirons tous la même chose, les mêmes symboles (une belle voiture, une grande maison, voyager, de l’argent). Mais ces symboles ne s’acquièrent pas sans l’expérience. Et la véritable recette du succès est peut être là. Acquérir l’expérience, échouer, découvrir ses limites, les dépasser, obtenir ce que l’on désire, découvrir qui l’on est et tout mettre en place afin d’acquérir des symboles.

Ce travail sur soi est sans doute le plus difficile mais est une étape indispensable pour réussir tant dans sa vie professionnelle que personnelle. Se connaître soi-même permettra de connaîtra son but. Une fois ce but fixé, il faudra dépasser ses limites, connaître l’échec et en apprendre les erreurs. Cependant une question reste dans l’atteinte du succès. Ai-je le courage ? Ce courage de sortir de cette routine qui nous amènera tôt ou tard à nous demander un jour si la vie n’a que ça à nous offrir, et à regarder derrière soi avec regrets.

Flavien Meneghello